Le couple de jeunes retraités initiateurs du projet a rapidement sollicité un accompagnement. Une personne membre de Cologi, structure spécialisée dans l’accompagnement des habitats participatifs dans la région, a été mandatée : Gilles au démarrage. Lorsque le terrain a été trouvé, elle a par exemple proposé une maître d’œuvre qui a mobilisé son carnet d’adresses d’artisans et d’artisanes afin de chiffrer les travaux : Odette. Ce chiffrage a permis de lancer la recherche d’habitants en ayant évalué le coût des travaux.
Certes, l’accompagnement a un coût. Avec le recul, c’était un bon choix. Comme le dit Michel, habitant : «L’accompagnement a été rassurant car il y a eu de nombreux moments de doute et de tension, l’accompagnement a l’habitude de faire face à des soucis techniques et humains, et nous a encouragé. On n’aurait probablement pas tenu sans lui.» Car c’est également Cologi qui coordonne le processus d’entrée des membres, avec des questionnaires, des visioconférences, un entretien : il s’agit de Cécile, qui anime aussi les rencontres des nouveaux avec le groupe. « L’aspect humain est quelque chose qui n’est pas simple, qui demande beaucoup d’énergie. Grâce à Cécile, on évite de supporter les ascenseurs émotionnels en plus de nos problèmes du quotidien : travail, famille, etc.
Cologi nous a déchargés de cette partie-là et heureusement. » Le collectif s’est ainsi constitué petit à petit avec harmonie et confiance, et est désormais au complet, avec des membres globalement issus des catégories socioprofessionnelles différentes mais plutôt privilégiées.
Un projet intergénérationnel de 3 à 77 ans
Quand on leur demande quelles sont les valeurs qui les portent, les habitantes et habitants de la Maison Pérouze citent la solidarité, l’écologie, et le respect de la vie en général, qu’il s’agisse des humains ou du vivant. Un terme fort qui revient souvent est l’intergénérationnel : les membres ont aujourd’hui entre 3 ans à 77 ans. Ils et elles ont suivi une formation de Communication Non Violente qui a vraiment soudé le groupe par Edith tavernier recommandé par Cécile. Malheureusement, ils ont connu le décès d’un de leur membre : Christian le mari de Véronique, d’une maladie fulgurante, un évènement qui les a amplement marqués. Plus joyeusement, ils ont aussi connu la naissance d’un enfant.
Les valeurs importantes pour le collectif se vivent au quotidien, et ne sont pas particulièrement rédigées : «
La charte est en gestation depuis le début du projet ! » s’amuse un habitant. En revanche, le groupe travaille actuellement sur l’aspect juridique : créé en SCIA pour les travaux, ce qui est habituel, ils et elles aimeraient garder ce statut de façon à pouvoir contrôler les entrées quand il y aura des sorties.
La Maison Pérouze : un choix de nom aligné et ancré localement
Les rencontres entre voisins et voisines sont spontanées : «
on se retrouve souvent dans le parc pour manger ensemble, sans avoir rien organisé. Nous partageons des temps comme ça, informels. Certaines personnes s’organisent ensemble selon leurs activités : cours de danse, piano, guitare, jeux de société, yoga, méditation, trajets à l’école, jardins, bricolage etc. » Par ailleurs, des temps réguliers et non obligatoires ont lieu tous les 15 jours pour des réunions du groupe sur des décisions à prendre, et une fois par mois pour des questions liées essentiellement aux travaux.
Si le nom initial du groupe était « les bâtisseurs positifs », au regard de la recherche de performance énergétique et également de «
l’optimisme nécessaire pour se lancer dans un tel projet », il a désormais cédé la place à la SCIA «La Maison Pérouze ». La famille Pérouze était l’ancienne propriétaire des lieux, présente depuis le XIXème siècle et connue de tous les locaux. Le groupe a eu envie de continuer à faire vivre ce nom et ce qu’il signifie localement.
En effet, agriculteurs et agricultrices, les Pérouze étaient appréciés et impliqués dans la vie du village. Les membres actuels de l’habitat participatif participent également à des activités communales, via la fanfare ou le sou des écoles. Ils comptent à l’avenir reprendre l’accueil de spectacles qui existait auparavant, afin d’ouvrir leur lieu de vie à l’extérieur. Une sorte de continuité avec les précédents propriétaires, qui ont lancé : «
les grands-parents auraient été contents que ce lieu devienne un habitat participatif. » Mais d’ici là, il y a encore quelques travaux à faire !