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Oasis Cologi
La fatigue dans les écolieux, ce sujet commence à devenir une tarte à la crème. Et pour cause, cet écueil est largement répandu dans les oasis, il est presque le fléau des temps modernes dans les écolieux.

D’une certaine manière, dans les oasis, on essaie d’inventer (ou de réinventer) des manières de faire : de  se parler, de décider ensemble, de répartir les ressources économiques. Et cette question de l’implication de chacune et chacun dans le projet collectif, qui peut mener à un état de fatigue intense, fait aussi partie des choses à réinventer.

Et cela me semble crucial, car l’alternative proposée par les oasis perd de sa force si elle débouche sur des burnouts collectifs !

Bref, dans cet article, on vous propose de prendre cette question à bras le corps et de retirer 5 conseils pour éviter l’épuisement général. Ces conseils sont issus d’un temps de partage qui a eu lieu lors des Journées Oasis à Oasis en octobre 2021.

1/ Lâcher la responsabilité de sauver le monde, et ne pas présumer de ses forces

Certaines oasis peuvent se fixer dès le début des raisons d’être assez accablantes.

Je pense à une raison d’être qui commence par “poussés par la nécessité d’agir…”. Pfiou ! Rien que de le lire, je me sens lourde.

C’est comme si dans les oasis, on portait parfois tout le poids du monde, et qu’on se sentait excessivement responsables de faire quelque chose.

Cela peut conduire à monter des lieux qui essaient de tout faire en même temps, construire soi-même des bâtiments écologiques, avoir une gouvernance sociocratique top du top, créer des évènements culturels sur le territoire, être autonomes énergétiquement, alimentairement, monter une école alternative et une boulangerie paysanne, avoir des abeilles… Tout ça avec cinq personnes permanentes dans le collectif.

Clairement, je pense que collectivement, on peut lâcher la grappe, gagner en humilité, et accepter de réduire la voilure. C’est comme si, en étant plusieurs, on présume un peu de ses forces, on se dit que ça y est, en collectif, on va réussir à faire ce qu’on n’arrivait pas à faire tout seul. Alors, oui, d’un côté. Mais pas non plus complètement (c’est mon côté normand qui ressort…).

2/ Apprendre à dire non et assumer ma responsabilité individuelle dans le ralentissement nécessaire

Dans un collectif, il y a toujours de nouvelles propositions, de nouvelles idées. Ce soir, c’est quelqu’un qui veut proposer de la danse contact, demain il y a un ami d’un ami qui vient et qui peut animer un atelier linogravure trop cool, et on pourrait installer des poules dans le jardin avant l’hiver, etc. etc. Les idées fusent à un niveau exponentiel.

Et c’est naturel, c’est la force du collectif, ce bouillonnement d’idées, d’envies de créer et de partager ensemble.

Et c’est là que chacun et chacune a la responsabilité, individuellement, de dire non, de dire stop. Non, c’est trop de prendre des poules alors qu’on galère déjà avec les enfants. Non, ce soir, je vais prendre du temps pour moi, pour ma famille, pour me reposer, et je ne vais pas aller à ce temps collectif.

Se joue aussi ici le fameux “FOMO” (Fear Of Missing Out) : la peur de rater quelque chose, qui est souvent intense en collectif (surtout dans les premiers temps, après on lâche vite prise). Oui, il y a des choses qui se passent dans le collectif sans moi, et c’est ok. D’une certaine manière, je fais un cadeau au groupe en posant clairement un non pour tel ou tel projet, et en acceptant de ne pas y participer. Plutôt que de dire oui, en pensant que ça serait bien que ça se fasse, et en ayant aucune idée de comment ça peut rentrer dans mon emploi du temps, et que finalement, le projet se fasse mais que tout le monde soit sur les rotules…

3/ Lâcher le contrôle et alléger sa gouvernance

Une bonne partie de la fatigue dans les écolieux vient aussi de la difficulté de chacun à lâcher prise, à ne pas tout contrôler, à ne pas faire partie de 7 groupes de travail en même temps, et à ne pas tout ramener en plénière pour décider ensemble de tout.

Comment est-ce que je peux faire la paix avec tout ce qui se passe que je ne contrôle pas, qui ne se passe pas exactement de la manière dont j’aimerais, dont je pense que ça devrait être fait…

Ici, c’est aussi la gouvernance qui peut être allégée, et devenir plus fluide. On peut imaginer parfois ne pas avoir à réunir tout le monde pour une décision, mais se faire suffisamment confiance pour tenter quelque chose, prendre une décision, en étant ouvert aux retours des autres.

4/ Apprendre à célébrer et se contenter de ce qui est

C’est la suite logique de ce qui précède. Comment peut-on cultiver ensemble la reconnaissance de ce que nous faisons déjà, et un sentiment de contentement pour l’ampleur de ce qui est réalisé ?

Dans les oasis, on déplace des montagnes au quotidien, et c’est parfois comme si on ne s’en rendait absolument pas compte. Ce sont les gens qui viennent en visite de l’extérieur qui nous tendent ce miroir qu’on n’a tant de mal à se donner à soi-même. Oui, c’est incroyable ce qui se fait ici, c’est beau, c’est splendide, c’est énorme.

Nous avons besoin dans les oasis de plus de temps de célébration, de joie, de reconnaissance du travail accompli.

Célébrer, cela peut être aussi simple que d’organiser un apéro pour fêter la fin du chantier fenêtres avec une visite guidé des travaux effectués, ou bien de faire une soirée spéciale pour le départ de quelqu’un et d’en profiter pour se remercier publiquement pour tout ce qu’on s’est apporté. Célébrer, cela peut être créer un espace régulier de gratitude, cela peut se coupler aux équinoxes et solstices, c’est prendre des photos, en faire un album à regarder au coin du feu, c’est faire un gâteau spectaculaire pour une occasion particulière, célébrer c’est danser, chanter, rire, jouer.

5/ Des relations vivantes dans le groupe donnent l’énergie de déplacer le monde

Enfin, et c’est mon dada, je crois que les groupes perdent énormément d’énergie dans des conflits ou des tensions non travaillées.

Vous vous souvenez du début du projet ? Le moment le plus dur, on rencontre plein d’adversités, il faut faire le chantier, prendre des décisions rapidement, ou je ne sais quoi d’autres ? Et pourtant, on est dans la lune de miel du groupe, on est trop contents d’être ensemble, on y croit, et du coup, tout est fait avec légèreté, porté par ce sentiment d’amour et d’unité.

Et puis, la machine se grippe, on commence à se prendre la tête, on a des doutes, est-ce que je suis à ma place ici, est-ce que je vais réussir à vivre avec ce vieux grincheux ou cette jeune critique ? Et tout ce qu’on doit faire de concret devient lourd, pesant, fatigant, épuisant.

Je pense sincèrement que la qualité des relations a un impact sur notre niveau d’énergie dans le groupe, notre sensation de fatigue, et notre investissement dans le projet. Et la fatigue devient finalement un symptôme, presque une excuse pour ne pas aller voir nos difficultés relationnelles…

Et vous, vous en pensez quoi ? Avez-vous d’autres conseils pour faire face à ce fléau de la fatigue dans les oasis ? Partagez nous vos bonnes pratiques !

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